-
musée du blockhaus d'Eperlecques
En ces premiers jours de mai, nous avons prévu une semaine de randonnées le long de la côte d'Opale avec un groupe de 18 randonnéurs. Le jour de l'arrivée sur place, un départ matinal nous laisse le temps de visiter le Blockhaus d'Eperlecques.
Un site historique construit par le IIIème Reich face aux côtes anglaises pour assurer le lancement des V1 et V2.
Au nord de Saint Omer, en bordure d'une vaste forêt entre le village d'Eperlecques et la ville de Watten se trouve un site discret qui, il y a 80 ans a sucité l'espoir de certains et de la frayeur pour d'autres. Aujourd'hui, c'est un petit morceau de l'histoire de l'Europe qui s'est écrit ici et les drapeaux européens flottent à l'entrée du musée. L'entrée est à 10€.
Site du musée: http://www.leblockhaus.com/fr/
Dans les environs se trouvent aussi d'autres sites: le Bois des 8 rues où se déroulaient les lancement des V1 et la Coupole d'Helfaut base de lancement de V2.
Après avoir développé des missiles et fusées dans sa base secréte de Peenemuunde sur la mer Baltique ( voir article sur ce musée visité en aout 2019), le III ème Reich décide d'en faire des armes de répresailles (Vergeltungswaffen) sous le nom de V1 et V2. En 1943 l'organisation Todt, déjà en charge de la construction du mur de l'Atlantique, réçoit l'ordre de construire une base de préparation et de lancement pour ces nouvelles armes. Les travaux débutent en mars 1943 avec de la main d'oeuvre locale et des ouvriers du service du travail obligatoire (STO). Comme pour les base de sous-marins, les concepteurs ont construit ce blockhaus ave des murs de béton armé de 3.5m d'épaisseur et un toit de 5m d'épaisseur et quasiment sans ouvertures. Il a fallu 200 000 tonnes de béton et 20 000 tonne d'acier pour ce blockhaus de 90m de coté et 28m de haut.
Le V1 est un avion sans pilote de 2,2 tonnes développé par la Luftwaffe (armée de l'air allemande). il est propulsé par un pulsoréacteur Argosde 350kg de poussée (en vol) et quidé par un pilote automatique comprenant 3 gyroscopes. Il peut emporter 850kg d'explosif.
Au début du programme, une version pilotée et même une biplace ont été réalisées. Un largage sous avion a été testé, mais finalement c'est une rampe de lancement qui a été retenue pour assurer une haute fréqence de lancement. Placé sur sa rampe de lancement, il est catapulté par un piston dans un canon à vapeur. Mais ces rampes fixes étant repérable par les avions de surveillance, des rampes mobiles ont été utilisées.
Le V1 est programmé pour voler à une altitude programmée comprise entre 300m et 2500m pour atteindre sa cible par un piqué jusqu'à 260 km de distance (Londes est à 177km) , mais la faible précision n'a pas permis d'obtenir l'effet escompté. Au total, 22 080 V1 ont été lancé par les allemands entre le 14 juin 1944 et l'armistice,
en contourant le batiment par le Nord , on découvre la gare ferroviaire fortifiée et en dessous les silos de stockage (prévus pour 106 V2). un réseau ferré à voie étroite desservait le site pour la logistique.
L'entrée du batiment côté Ouest, se fait par une l'ancienne voie ferrée desservant l'usine de production d'oxygène et sa porte blindée de 216 tonnes de 6,5m de haut et 2m50 d'épaisseur et remplie de béton. A l'intérieur, il reste cette machine rouillée qui assurait avec beaucoup d'autres la production d'oxygène liquide, comburant de la V2, le carburant était l'ethanol
La V2 qui s'appellait auparavant, l'Aggregat 4 (A4) a été développée par la Heer (Armée de terre). C' est une fusée balistique de 12,5 tonnes et 13 m de haut pouvant emporter une charge de 800kg à 300 km conçue par les ingénieurs de Peenemunde dans laquelle s'illustrait Wernher Von Braun. Grace aux turbopompes concue pour ce moteur fusée, la poussée est de 270kN (près de 25 tonnes) pendant 65 secondes. Le guidage est assuré par une plate forme inertielle. Mais la V2 une arme imparable, coute cher et sa précision laisse à désirer. Environ 4000 V2 furent construites et 3000 tirées. C'est la ville d'Anvers qui fut la plus touchée (1610) suivie par Londres (1358). Paris en reçu 22. Les américains récupérèrent une partie de l'Equipe dirigée par Von Braun pour son programme spatial, les russes ne furent pas en reste et copièrent la V2 avec les fusées R2, R3 et R4.
Le début de la construction attira l'attention des alliés en avril 1943. Une mission de reconnaisance suivi en mai, sans trop identifier la fonction du site, mais la décision de le bombarder est donnée, ce qui fut fait le 27 aout 1943. Puis les bombardement par des B17, B24, B25, B26, Lancaster, Halifax se succèderont pendant un an. Le commandant René Mouchotte des forces aériennes libres est abattu en mer du Nord lors du premier raid comme l'indique la plaque commémorative.
le moteur Pratt et Whittney R-2800 double wasp d'un Republic P47 Thunderbolt qui accompagnait les bombardiers lourds.
Mais, le bloc de béton dont la construction n'était pas terminée (35%) résistait bien aux milliers de bombes larguées , égratignant le béton et révélant son solide féraillage. Mais autour, les voies ferrées et installations annexes sont détruites.
Même les bombes Tall Boy de 6 mètre de long et 6 tonnes larguées à haute altitude qui arrivent à vitesse supersonique, s'enfonce profondément dans le sol puis explose, provoquant une onde sismique et disloquer le batiment. La bombe Disney de 2 tonnes avec une pointe en acier est larguée de 5000 m est accelérée à plus de Mach2 pour percuter le béton et entre dans le batiment par effraction, mais aucune n'a reussi à traversé le plafond
Les effets de l'onde sismique d'une bombe qui pénétre dans le sol et disloque les soubassements comparée aux éclats de béton d'un impact direct sur le toit.
Jamais le site ne put atteindre une production et des lancements à la chaine comme espéré par le commandement allemand.
Une partie du musée est consacré aux 4000 prisonniers et STO et amenés ici par des wagons à bestiaux, complétés pas des embauches locales salariées et qui travaillèrent ci en 2*12h.
ce musée est complété par quelques véhicules comme ce "Half track" américain, et ce sous-marin de poche allemand "Biber" qui avait une autonomie de 240 km qui était armé de deux torpilles de 530mm pour protéger les côtes.
FIN
Tags : musée, blockhaus, Eperlecques, V1, V2, Pas de Calais
-
Commentaires